Daniel Gussmann, Chief Investment Officer d’AXA Suisse, évoque les solutions de caisse de pension adaptées aux conditions actuelles et les défis liés au marché des capitaux.
Daniel Gussmann, depuis quatre ans, AXA a retiré l’assurance complète de son offre en matière de 2e pilier pour ne plus proposer que des solutions semi-autonomes. Quel bilan en tirez-vous?
AXA a pris la bonne décision au bon moment pour redonner à la prévoyance professionnelle des bases saines et offrir aux personnes assurées des solutions rentables sur la durée. Depuis ce changement opéré il y a quatre ans, la rémunération perçue par les assurés et assurées des fondations collectives semi-autonomes d’AXA sur leurs avoirs de vieillesse a été supérieure de plus de 2 milliard de francs à ce qu’elle aurait été avec l’assurance complète. Ce chiffre parle de lui-même.
2 milliard de francs en plus pour les assurés et les assurées, c’est une somme considérable. Comment est-ce possible?
Les solutions semi-autonomes laissent nettement plus de latitude en matière de stratégie de placement, car elles n’ont plus à se fondre dans le strict carcan réglementaire imposé à l’assurance complète. Nous avons donc accès à de nouvelles opportunités de rendement à long terme pour les assurés. Au moment du changement, nous avons complètement restructuré un volume de placements totalisant 30 milliards de francs en l’espace de douze mois. Nous avons pu relever nettement la part des actions, qui sont la catégorie d’actifs recelant le meilleur potentiel de rendement sur le long terme. Nos assurées et assurés n’ont pas à s’en plaindre, puisque sur le long terme, leurs avoirs de vieillesse peuvent fructifier bien au-delà du taux d’intérêt minimal LPP couramment appliqué dans l’assurance complète.
Qu’en est-il de la sécurité des avoirs de la clientèle, notamment sur fond de volatilité des cours des actions?
Les fluctuations sur les marchés des capitaux, et en particulier sur les places boursières, sont des phénomènes récurrents. Notre stratégie de placement tient compte des risques et présente une large diversification. C’est le résultat à long terme qui compte, et nos stratégies de placement comme nos portefeuilles sont conçus en ce sens.
«Nous nous sommes positionnés très tôt sur des catégories d’actifs lucratives, comme l’immobilier et les hypothèques en Suisse, et avons bâti un important savoir-faire en matière de placements alternatifs tels que le private equity. Cette stratégie a porté ses fruits.»
Pouvez-vous nous décrire plus en détail votre stratégie de placement?
Nous gérons les avoirs de prévoyance de plus de 40 000 entreprises en Suisse. Bon nombre d’entre elles sont affiliées à une fondation collective dans le cadre du 2e pilier. C’est alors le Conseil de fondation qui décide de la stratégie de placement à suivre, et nous l’appliquons dans le respect des limites fixées.
Du fait de notre métier d’assureur, notre mission a toujours été d’investir les primes et les avoirs de prévoyance de notre clientèle de manière à la fois sûre et rentable, et les résultats sont éloquents.
Grâce à une bonne diversification, nos portefeuilles sont très bien armés pour faire face à l’avenir. Nous disposons d’un vaste savoir-faire en matière de prêts hypothécaires et d’investissements immobiliers directs, qui contribuent à la stabilité de notre portefeuille. Et notre longue expérience dans les catégories de placement alternatifs, telles que le private equity, nous donne accès aux meilleures possibilités de rendement pour les fondations et leurs assurés et assurées. Nous appliquons à cet égard une approche «best in class».
Que signifie «best in class» exactement?
Nous recherchons et sélectionnons de manière systématique le meilleur style d’investissement et les meilleurs gestionnaires pour chaque catégorie d’actifs. Cette approche indépendante nous permet de trouver les meilleures opportunités de placement et de rendement pour les avoirs de prévoyance de notre clientèle. Nous investissons d’ailleurs ces derniers selon les mêmes principes que ceux que nous appliquons pour notre propre caisse de pension.
«Nous investissons les avoirs de notre clientèle selon les mêmes principes que ceux que nous appliquons à notre propre caisse de pension.»
Depuis 2019, vous proposez de plus en plus de prestations de gestion de fortune à des clients tiers. Comment ces affaires ont-elles évolué?
Elles ont connu une évolution très favorable. Ces dernières années, nous avons ainsi enregistré une forte hausse des actifs gérés pour le compte de clients tiers. Parmi ces clients tiers figurent en première ligne des fondations collectives et des caisses de pension. Pour elles, il est devenu ces dernières années de plus en plus difficile de générer des rendements suffisants. Forts de nos longues années d’expérience et de notre taille, nous sommes en mesure de leur offrir un excellent soutien sur fond d’instabilité des marchés des capitaux.
Qu’offrez-vous concrètement aux institutions de prévoyance?
D’abord, une gamme complète de services dans le domaine de la gestion de fortune, puisque nous concevons des stratégies de placement de A à Z et les mettons en œuvre. Mais aussi des solutions de placement spécifiques, à l’instar d’une fondation de placement hypothécaire. Les caisses de prévoyance peuvent ainsi diversifier leur portefeuille et réaliser un intéressant surcroît de rendement par rapport aux obligations.